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CLAVIOTAGES
5 juillet 2007

ESBOUSTIFAILLES

Le réveil sonne. La mère Ubu se dresse illico dans le lit et secoue son mari, éjectant trois bigoudis mauves de sa maigre toison.

PERE UBU   : Ah mais par les cornes du pape, la mère, tu vergeturises mes trompes de noreilles, en clamant à l’aube !

MERE UBU  : Mais mon gros poileux, c’est aujourd’hui la grande esboutiffaille de ton anniversaire !

PERE UBU   : Ah ben voilà une cause qu’elle est bonne, par ma chandelle verte ! On y va, la Mère, rajuste tes bigoudis et va chercher le quartier de bidocharde suspendouillée dans le cellier.

Les deux compères s’affairent donc à leurs préparatifs, tandisse qu’à quelques lieues de là, Simplette s’étire façon chatte en chaleur, près de son pluto qui grogne d’aise…. Et hop !... Censure…

SIMPLETTE : Faut s’activer mon pluto, on nous attend pour une séance de remplissage !

PLUTO       : Schgroumpf… Groaor… Zgarpz !

SIMPLETTE : Bon, je vais sous la douche, si tu n’es pas levé quand j’en sors, je pars toute seule.

Pluto bondit du lit et se prépare. Trois kilomètres avant d’arriver chez les Ubu, ils sentent déjà des odeurs de cuisine qui écoeurent Simplette, mais réjouissent les papilles de Pluto-le-gourmand.

La mère Ubu a le sens de l’argentouillerie et du cristalochon.

La table est affriotée comme un banquet de moines boudinistes affamés d’un jeune assez vieux…

MERE UBU  : ben ma simplette, ta gamelle est bien tristounette, reviens donc faire un tour vers mon blounet à la sauce crapouillarde…

SIMPLETTE : Heu… ça ira, pour moi… Je garde une petite place pour le dessert…

PERE UBU   : Le dessert ! Par ma chandelle verte, mais on en est pas encore là ! Il reste à goûtailler quelques gésiers de zgorniol, puis la ménarde pochardée, puis le hachis de poireautage à la poivronade, et…

SIMPLETTE : (qui devient aussi verte que la chandelle d’Ubu) Ah mé cé que je ne suis point estomaquée comme votre appendice proéminent, je n’aurai point assez de place pour toutes ces tripailles…

PLUTO       : Schgramff… Je mangeouillerai ta gamelle, ma simplette, pas de problème…!

SIMPLETTE : Comment ça ? Ah mé pas question, je ne te souhaite point ventouillu et bedonisant comme Ubu !

PERE UBU   : Ah ça, mé c’est une belle tournaillure de complimentaille que tu me bailles là, ma simplette. C’est pardisse la plus gouaillante bedaine que la mienne !

Simplette ne moufte queue d’ale… Elle zieute sa gamelle, et pense que cette boustifaille calmerait l’affamage de tout un régiment.

Puis le dessert arrive… Simplette retient sa poumonade pendant un moment…

SIMPLETTE : OOhhhh ! C’est super parlant pour les mirettes, mais qu’est-ce ?

MERE UBU  : Goûtes-zy d’abord, je te bavasserai la recette après…

Simplette entame le gros tas mou, mauve et blanc servi dans son assiette…

SIMPLETTE : Oh la la ! C’est sublime !

Père Ubu, qui a été privé de bougie, pour cause de mollesse gélatineuse du dessert, se jette goulûment sur son assiette. Pluto attaque aussi avec ferveur, et Mère Ubu les regarde s’empiffrer se grattant la tête que les bigoudis ont irritée, et avec la béatitude d’un artiste à expo réussie.

SIMPLETTE : Bon anniversaire, Père Ubu… Au fait, quel âge cela vous fait-il ?

PERE UBU   : J‘ai point d’âge, ma simplette, Tant qu’on me gardera en méninges, et qu’on m’aimera, je serai là. Trinquons à la mémoire de mon père, Alfred Jarry, plutôt qu’à moi.

PLUTO       : Alors pourquoi cette fête ?

PERE UBU   : Pour s’en mettre plein la panse, avec des amis adorés, bien qu’un peu rechignards au gras double, et pour donner à Mère Ubu, l’occasion d’exprimer ses talents.

Ainsi parla le Père Ubu, qui cause juste.

(rideau)

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